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 Quand le jeunisme trahit la jeunesse

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deborah
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MessageSujet: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyLun 22 Mai - 11:49

Par Robert Redeker *


Nous voyons défiler par dizaines de milliers des enfants à qui personne n’a jamais dit « non », auxquels depuis le plus jeune âge on évite le contact avec la réalité. L’enfant-roi devenu jeune adulte ne comprend pas que la réalité économique diffère de ses aspirations à un emploi stable à vie. Les diplômes dévalués dont l’école l’a couvert, véritable monnaie de singe, l’entretenaient dans le mirage d’un avenir professionnel radieux.

Puisqu’il détient le « droit au bac », il se persuade qu’il détient également le droit à un certain type d’emploi. Le produit de l’école, devenue du fait conjugué de la loi Jospin et de la guerre conduite contre la culture par les pédagogistes, « la fabrique du crétin » (selon la juste expression de Jean-Paul Brighelli), refuse de regarder la réalité, vexé de se heurter, pour la première fois de son existence, à un refus d’obtempérer devant l’empire de ses désirs.

Le succès de la mobilisation anti-CPE, le soutien qu’elle obtient dans l’opinion, doit se comprendre dans le contexte d’une société globalement jeuniste. Avec Alain Finkielkraut, repérons dans le jeunisme la valorisation inconditionnelle de la jeunesse. Nous vivons dans une société persuadée depuis trois ou quatre lustres qu’il faut mettre les jeunes à l’abri du réel. La famille, l’école et la publicité installent l’enfant, puis le jeune, à l’écart de la dureté du réel. On incite l’enfant à exercer la tyrannie de son désir sur les adultes coupables d’être adultes, comme les Occidentaux sont, au nom de la même mauvaise conscience, coupables d’être des Occidentaux. Le mythe, si répandu, d’une culpabilité ontologique du monde adulte empêche l’oeuvre de l’éducation parentale aussi bien que celle de l’école.

Toute la société pousse l’adulte, qu’il soit le parent ou le professeur, à se sentir ontologiquement coupable. Le fondement du jeunisme se trouve dans cette culpabilité. Alors que traditionnellement dire non à un enfant ou à un jeune prenait part au processus d’éducation, l’accoutumant à la résistance du principe de réalité, de nos jours un pareil refus se teinte d’illégitimité, générant de la culpabilité.

Pourquoi au-delà du sentiment de culpabilité des maîtres, des mères et des pères, de l’autorité instituée en général, cette propension à mettre la jeunesse à l’abri de la réalité ? La réponse surgit : la jeunesse est tenue pour l’idéal vers lequel toute la société aspire. On n’aspire plus à devenir vieux et sage, à mûrir, on aspire à redevenir jeune. L’idéal d’existence ne se situe plus dans un avenir vers lequel tous nos efforts tendrait, mais dans un passé biographique. Un passé, bien entendu, dans lequel on ne travaillait pas, un passé d’abondance oisive, dont le désir, toujours satisfait, était la seule loi. Il ne s’agit plus de devenir quelque chose ou quelqu’un, il s’agit de redevenir ce qu’on imagine avoir été. C’est l’enfance et la jeunesse que l’homme contemporain tient pour la vie humaine accomplie. Descartes, qui renvoyait l’enfance à un univers de sombres préjugés dans lequel il est impossible d’être un homme, c’est-à-dire d’exercer pleinement sa raison, est renversé par la culture commune actuelle. Le jeunisme s’enracine dans ce retournement idéologique qui place le but de la vie dans un avant et non un après. Le but n’est pas ce vers quoi nous devons faire l’effort d’aller, ce que nous allons vivre et être, le but est ce qui a déjà été vécu, ce que nous avons été.

L’impossibilité de se situer dans le réel, de l’accepter, si patente dans les discours des jeunes manifestants de ce printemps 2006, est une suite du pédagogisme, qui, inspiré par les ravageuses analyses de Philippe Meirieu, a été imposé au forceps à l’Education nationale. Dans les IUFM, de pitoyables Diafoirus imbus de leur pouvoir apprennent aux futurs professeurs d’histoire que c’est aux élèves de construire le cours, le professeur n’ayant pas le droit de leur imposer son savoir. Cette barbarie, répercutée par de nombreux inspecteurs pédagogiques régionaux, peut être résumée ainsi : le maître est à l’école de l’élève. A l’instar de cette publicité pour les restaurants McDonald’s où l’on voit l’enfant enseigner à son père quelles non-manières de table il convient d’adopter dans pareil endroit (manger avec les doigts, comme avant la civilisation), le pédagogisme inverse tous les rôles : il change le maître en valet de l’enfant-roi. Chacun se souvient du sinistre mot d’ordre « l’enfant au centre du système » ; ce slogan signifiait : chaque enfant est le RoiSoleil, sorte de Louis XIV en miniature autour de qui doit graviter la cour déférente des pères et mères, des instituteurs et professeurs, des adultes.

L’impératif énonçant « l’enfant au centre du système » instaure la monarchie absolue de l’enfant. Ayant profité, usé et abusé des années durant, du pouvoir que cette monarchie courtisane lui conférait, le jeune, lycéen ou étudiant, tient pour un crime de lèse-majesté qu’on ne retire pas séance tenante ce CPE reflétant trop la réalité de la vie économique.


Les lustres précédents ont sanctifié la parole de l’enfant. « Entre la parole de l’enfant et celle de l’adulte, je choisis celle de l’enfant », a dit une importante personnalité socialiste. Pourtant, l’enfant-roi ne règne que sur un royaume imaginaire, le cocon de la famille et de l’école. La consommation le change en prescripteur d’achat ; rien de plus courant que de voir, dans les supermarchés, des enfants imposant les achats à leurs parents. La publicité pousse à cette aberration, favorisant la prise de pouvoir par les enfants dans les familles tout en culpabilisant les parents résistant à cette puérile dictature. Par ailleurs, l’abrogation du service militaire obligatoire, école de contact avec le réel, a signé la disparition de la dernière possibilité d’apprendre la soumission à un devoir collectif différent des caprices de l’égo.

L’école (le pédagogisme) ou la guerre civile, telle était, voici quelques années, l’ultimatum lancé par Philippe Meirieu à la société française. Selon cet idéologue, le pédagogisme devait empêcher la guerre civile. Des émeutes de novembre 2005 aux actuelles manifestations contre le CPE, l’actualité nous montre le contraire : une sorte de guerre civile froide (refus des procédures démocratiques et légales, volonté d’imposer la force des manifestations de rue contre la loi démocratique, confusion entre l’expression et le pouvoir, chantage maximaliste, et, in fine, dissuasion de toute grande réforme dans le futur) est engendrée par le pédagogisme scolaire qui fait de l’enfant le maître.

Comment expliquer l’intransigeance des jeunes manifestants ? Habitué par l’école, par la famille, par la publicité, à être courtisé, flatté, le jeune lycéen ou étudiant, ancien enfant-roi, se sent de bonne foi dans son droit en entrant dans une logique du tout ou rien, en exigeant ce que la société ne peut lui donner, en continuant, comme on lui a appris à le faire, de nier la réalité. Le jeunisme et le pédagogisme, profondément enracinés dans la France contemporaine, sont les sources du déni de réalité des manifestants antiCPE ainsi que de leur intransigeante intolérance.
(Haute-Garonne).



* Philosophe. Professeur au lycée Pierre-Paul-Riquet à Saint-Orens-de-Gameville

J'ai mis en rouge la partie que je trouve très pertinente.

Vous en pensez quoi ?
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deborah
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 0:51

Suis bien crevée neo, surtout que la réponse que j’ai mis une demi-heure à t’écrire s’est envolée par une fausse manip (oui c’est ballot je sais, et ça m’a bien énervée). Alors je vais quand même te répondre, plus rapidement que prévu quand même, le sujet étant ma foi bien intéressant quoique traité avec peu de pertinence souvent, en tout cas pour moi.

Citation :

Nous voyons défiler par dizaines de milliers des enfants à qui personne n’a jamais dit « non », auxquels depuis le plus jeune âge on évite le contact avec la réalité. …Puisqu’il détient le « droit au bac », il se persuade qu’il détient également le droit à un certain type d’emploi. …, « la fabrique du crétin … Alors que traditionnellement dire non à un enfant ou à un jeune prenait part au processus d’éducation ….

alors première interrogation : pourquoi faudrait-il dire non à tout prix ? Bien sur que la sanction peut avoir valeur pédagogique en montrant par des actes qu’il est une limite qu’il ne faut pas franchir, que l’individu soit d’accord ou non. Mais il ne faut pas pour autant opposer dialogue et sanction. Ce ne sont pas des démarches antagonistes.
Eviter le contact avec la réalité ? et si on en voulait pas de cette réalité ?
Ensuite droit au bac, droit à l’emploi … Oui et alors ? Aujourd’hui, il ne faut plus instruire, mais préparer la réussite sociale de l’élève. Ce n’est que la conséquence logique de l’école sous la pression moderniste…


Citation :
L’impossibilité de se situer dans le réel, de l’accepter, si patente dans les discours des jeunes manifestants de ce printemps 2006, … : le maître est à l’école de l’élève.
…L’école ou la guerre civile, telle était, voici quelques années, l’ultimatum lancé par Philippe Meirieu à la société française…
tient pour un crime de lèse-majesté qu’on ne retire pas séance tenante ce CPE reflétant trop la réalité de la vie économique.

L’héritage de Mai 68 a orienté la pédagogie dans une optique de libre expression de la subjectivité individuelle qui s’affirme comme authentique et créatrice face à des savoirs considérés comme oppressifs. C’est une époque qui s’est attaqué à la conception dogmatique et figée de la raison, au moralisme. Le maître qui devient élève est l’exemple type de la conception de l’éducation permanente de la Commune étudiante de mai 68. C’est une conception qui vise à remettre en cause tous les cloisonnements, y compris enseignants/enseignés (vécu comme un rapport d’oppression dont les victimes sont les jeunes…) et dont le but est de permettre la libération des conditionnements sociaux et des liens de dépendance.
Quant à Meirieu, il a écrit L’Ecole ou la guerre civile. Sa thèse en gros (bah oui c’est la deuxième fois que j’écris !) c’est qu’il faut refonder l’école pour empêcher la « guerre civile ». Pour lui, l’école d’aujourd’hui ne parvient pas à prendre en charge des jeunes non socialisés qui manquent parfois d’attention ou sont agressifs. Et pour éviter qu’ils ne soient exclus du système scolaire, Meirieu prône une hétérogénéité maximale dans les classes, en supposant que les différences de niveaux produisent un enrichissement mutuel. Evidemment là où sa pensée pèche c’est sur la pratique : la pédagogie différenciée, pourquoi pas, sauf que c’est aux enseignants de gérer si l’écart est trop important, et puis ces problèmes renvoient à des phénomènes psychologiques et sociaux qu’il ne revient peut-être pas à l’institution scolaire de prendre en compte ? (c’est un autre débat)
Enfin pourquoi refuser le CPE qui est donc la réalité économique partout ailleurs ? Je vois pas où est l’argument. ON aurait du l’accepter car c’est la norme. Mais c’est quoi la norme ? Est considéré comme normal l’individu qui se conforme aux règles édictées par la société dont il est issu ? Je ne crois pas qu’il existe d’homme normal, il existe seulement des hommes normalisés.


Citation :
La consommation le change en prescripteur d’achat ; rien de plus courant que de voir, dans les supermarchés, des enfants imposant les achats à leurs parents. La publicité pousse à cette aberration, favorisant la prise de pouvoir par les enfants dans les familles tout en culpabilisant les parents résistant à cette puérile dictature.

Ceux qui parcourent de temps à autre ce forum savent déjà ce que je pense de la pub, voire même des médias en général. Je suis fatiguée, alors cf mes posts précédents.


Citation :
Comment expliquer l’intransigeance des jeunes manifestants ? …..se sent de bonne foi dans son droit en entrant dans une logique du tout ou rien, en exigeant ce que la société ne peut lui donner, en continuant, comme on lui a appris à le faire, de nier la réalité. … sources du déni de réalité des manifestants antiCPE ainsi que de leur intransigeante intolérance.

Intransigeance…oui c’est le mot. Parce que penser c’est aussi s’opposer (pour mieux se poser après…). Parce que l’idée de compromis ou de sacrifices nécessaires n’est parfois pas acceptable. Parce que cette logique du tout ou rien n’est peut-être que la reviviscence de l’utopie soixante-huitarde ou simplement le désir d’une génération d’un monde à refaire, d’un éternel été. Parce que l’on ne veut plus rêver sa vie, mais vivre ses rêves..

PS : neo, la partie en rouge qui t’a le plus marqué, je ne l’ai pas commenté parce que j’ai encore besoin d’y réfléchir, de mûrir un peu ma pensée.
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 14:32

D'accord avec tout ce que tu dis à propos de l'éducation Déborah: la libre expression, le dialogue, le refus de la répression par le savoir, etc...
Une seule question: (qui n'est ni un piège ni une question réthorique, je n'ai vraiment pas moi-même de réponse...)

-Cela a-t-il fonctionné? L'héritage de 1968 a-t-il réellement apporté quelquechose de meilleur dans l'éducation des jeunes?
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 19:55

C'est curieux mais je crois qu'en fait on a pas eut grand chose en héritage de 1968, je crois que c'est une grande illusion de croire que ca a marqué notre pays, il y a eut 1968 et rien après, c'était a mon sens un point culminant de toute l'évolution qu'il y a eut dès la fin de la guerre mais non quelque chose en soi ( point culminant en France, quand meme Woodstock c'est en 69, ah jimi hendrix enfin bon Rolling Eyes Razz )
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 21:23

Que de pertinence dans les propos de cet auteur.

Est-il à coté de la plaque? Je ne pense pas, bien au contraire!

Pour ceux qui en doute, questionnez vos parents sur le statut qu'ils occupaient lorsqu'ils étaient jeunes.
C'était "parle pas à table", "fais tes devoirs" et "tais-toi" pour résumer.
Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution, mais nous sommes arrivés à un point de non-retour à l'opposé de la conception qu'avait la société de l'enfant il y a 50ans.

L'auteur aurait même pû parler de puérocratie je trouve, s'eût été de bon goût study


Merci à Néo de nous avoir fait partager ce texte en tout cas, ce fût quelques minutes de réflexions utiles je pense:)
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 21:43

Ludovic a écrit:

Pour ceux qui en doute, questionnez vos parents sur le statut qu'ils occupaient lorsqu'ils étaient jeunes.
C'était "parle pas à table", "fais tes devoirs" et "tais-toi" pour résumer.
Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution, mais nous sommes arrivés à un point de non-retour à l'opposé de la conception qu'avait la société de l'enfant il y a 50ans.

heu..t'es sur d'avoir bien compris le texte? non parce que je trouve ton post contradictoire: tu es pour un retour en arrière (et comme l'auteur, tu penses que notre génération est composé d'enfants-roi?) ou pour une avancée vers ce qui a été revendiquéen ce printemps 2006? Suspect. Vu que tu trouves ses propose pertinents, je suppose que tu es contre l'état de notre jeunesse trop "enfant-roi", mais en même temps tu dis d'interroger nos parents "sur leur statut quand ils étaient jeunes". ALors en gros avant c'était pas bien ("tais toi et fais tes devoirs" donc trop autoritaire) et aujourd'hui c'est pas bien non plus ("l'enfant-roi" donc pas assez d'autorité) : c'est ça ton opinion? (je fais pas de l'ironie, je te demande seulement)


Dernière édition par le Mer 24 Mai - 22:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 21:54

scagli a écrit:
C'est curieux mais je crois qu'en fait on a pas eut grand chose en héritage de 1968, je crois que c'est une grande illusion de croire que ca a marqué notre pays, il y a eut 1968 et rien après, c'était a mon sens un point culminant de toute l'évolution qu'il y a eut dès la fin de la guerre mais non quelque chose en soi ( point culminant en France, quand meme Woodstock c'est en 69, ah jimi hendrix enfin bon Rolling Eyes Razz )

mon petit scag, je suis pas d'accord avec toi (pour changer, lol). Je crois qu'il y a un héritage mais pas forcément facile à assumer, je te le concède. J'ai pas connu mai 68 comme vous tous, mais ce qu'il s'en dégage c'est la libération de la parole face à la parole officielle de l'Etat. C'est une époque qui fascine -une vision mythifié aussi- dans la mesure où les soixante-huitards ont dû avoir vraiment le sentiment de faire l'Histoire. Aujourd'hui il reste le stéreotype de la jeunesse révoltée, mais pas seulement. Que nous a légué mai 68? Une désillusion pour l'avenir ou pire "l'absence d'héritage pour tout héritage" ? C'est un héritage qui comporte une part "nihiliste" (je suis pas sure que le terme convienne mais faute de meiux..). Or n'oublions pas que c'est un mouvement sociétal avant d'être politique. D'ailleurs pensez-vous que mai 68 a influencé l'état de dépolitisation de la société? (moi aussi Staff, c'est pas une question piège Wink )


@ Staff:
Mai 68 a eu tendance je crois dans le domaine de l'éducation en général (même au-delà de l'école) à entraîner une érosion de l'autorité, çàd a aboutit à l'idée qu'il fallait de plus en plus oter les contraintes, et tenter de ne pas influencer pour rendre les enfants autonomes. L'erreur d'aujourd'hui est de vouloir retourner en arrière comme si cet épisode n'avait pas eu lieu, et occulter son influence. Je pense à une émission de TV réalité (? ) qui faisait vivre des enfants au temps de l'ancienne école (vu les pub qui passait l'idée c'était ça je crois).


EDIT: que lire de mieux pour comprendre mai 68 que les textes de la Commune des étudiants de Paris. Les étudiants de Censier avaient fait un Manifeste du comité d'action de Censier. Sinon tout simplement: Wilheim Reich, Gilles Deleuze, Felix Guattari ou encore Ivan Illich.

EDIT 2: bon bah neo, vu que c'est toi qui a ouvert le topic, ce serait bien que tu nous donnes ton avis quand même tongue
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 22:17

Deborah, merci de te soucier de mes capacités de compréhension, je pense que tu n'as pas poussé le raisonnement assez loin pour me comprendre.

Oui je trouve que le mythe actuel de "l'enfant-roi" est extrapolé à tel point qu'il devient ridicule.

Quand je dit "demandez à vos parents comment c'était" c'est pour que certains puisse se rendre compte que tout n'a pas toujours été comme aujourd'hui, et que à l'époque ca rigolait un peu moins, mais au moins on avait pas ce genre de comportements (la crise du CPE que j'ai trouvé ridicule ..)

Pour en revenir à la place de l'enfant actuellement, il faut je pense un juste milieu entre ce qu'on voit actuellement et ce qui a pu se passer pour les générations précédentes. je ne suis pas pour un retour en arriere comme tu sembles le penser (ce serait je pense une abhération), mais plus pour une évolution vers un statut modéré, où les jeunes apprendraient à se remettre en question et à voir la réalité en face en temps voulus.
Tout noir tout blanc? Je vois gris, c'est à dire juste milieu.


En gros je cautionne l'opinion de l'auteur, à 200%.
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 22:19

Moi je reste sur ma position mai 68 n'a rien apporté, comme disent ceux de cette génération qui sont honnete "nous n'avons rien fait alors que nous pouvions le faire" c'est généralement le discours que tu peux retrouver, et je ne pense pas que ca soit des aspirations différentes qui ont entrainés la dépolitisation mais la confrontation avec un pouvoir politique qui en fait deviens de plus en plus impuissant face aux crises économiques, les gens ont vus les politiques impuissants qui ne pouvaient que faire des politiques de gestion de crise mais pas de controle de la crise donc ils se disent qu'ils servent à rien en gros car ils n'ont plus le pouvoir.

Et alors malheuresement Deborah la libéralisation de la parole, alors toi qui aimes justement étudier les médias de façon critique tu devais quand meme savoir que pendant les années 70, ne serait-ce qu'avec Pampidou, les journalistes notamment télé connaissaient bien le telephone de plateau qui était l'ancêtre de l'oreillette et entre nous meme dans les années 80 ca a subsisté voir encore maintenant ( ? ).

Donc pour moi pas d'héritage puisqu'il n'y a rien en héritage a part un député vert, un journaliste, beaucoup de muets lol!

Sinon je persiste moi c'est Jimi Hendrix qui me fascine :aoum: ok Arrow
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 22:22

Ludovic a écrit:
Deborah, merci de te soucier de mes capacités de compréhension, je pense que tu n'as pas poussé le raisonnement assez loin pour me comprendre.

Oui je trouve que le mythe actuel de "l'enfant-roi" est extrapolé à tel point qu'il devient ridicule.

Quand je dit "demandez à vos parents comment c'était" c'est pour que certains puisse se rendre compte que tout n'a pas toujours été comme aujourd'hui, et que à l'époque ca rigolait un peu moins, mais au moins on avait pas ce genre de comportements (la crise du CPE que j'ai trouvé ridicule ..)

Pour en revenir à la place de l'enfant actuellement, il faut je pense un juste milieu entre ce qu'on voit actuellement et ce qui a pu se passer pour les générations précédentes. je ne suis pas pour un retour en arriere comme tu sembles le penser (ce serait je pense une abhération), mais plus pour une évolution vers un statut modéré, où les jeunes apprendraient à se remettre en question et à voir la réalité en face en temps voulus.
Tout noir tout blanc? Je vois gris, c'est à dire juste milieu.


En gros je cautionne l'opinion de l'auteur, à 200%.

enfin a 20 ans on est encore enfant ou bien j'ai loupé quelque chose ludo? vu que tu parles du cpe, a moins que tu me parles d'une "tanguisation" de la société, mais bon je vois la crise du logement en premier pour ça.
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deborah
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 22:35

scagli a écrit:

Et alors malheuresement Deborah la libéralisation de la parole, alors toi qui aimes justement étudier les médias de façon critique tu devais quand meme savoir que pendant les années 70, ne serait-ce qu'avec Pampidou, les journalistes notamment télé connaissaient bien le telephone de plateau qui était l'ancêtre de l'oreillette et entre nous meme dans les années 80 ca a subsisté voir encore maintenant ( ? ).

en fait quand je parlais de libération de parole, je parlais entre les manifestants. Tout le monde a allé l'Odeon, les gens parlaient entre eux même sans se connaître (un peu comme en ce printemps 2006, je sais pas vous, mais j'ai rencontré plein de gens au cours de manifs).
Il est clair que les médias d'aujourd'hui ne permettent pas cette libération publiquement à grande échelle. Quand tu sais que le Président de la République choisit le journaliste qui va l'interwieuver le 14 juillet, et il a même les questions à l'avance (le temps de préparer ses réponses qui n'en seront pas...), c'est un truc impensable ça en Angleterre par exemple.

Citation :
Donc pour moi pas d'héritage puisqu'il n'y a rien en héritage a part un député vert, un journaliste, beaucoup de muets lol!

oui donc tu es un partisan de "l'absence d'héritage pour tout héritage". Soit.

Citation :
Sinon je persiste moi c'est Jimi Hendrix qui me fascine :aoum: ok Arrow


mais y'a de quoi!!
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyMer 24 Mai - 22:45

Ludovic a écrit:
Deborah, merci de te soucier de mes capacités de compréhension, je pense que tu n'as pas poussé le raisonnement assez loin pour me comprendre.

sois plus clair la prochaine fois, comme ça j'aurai pas besoin de pousser ton raisonnement pour te comprendre


Citation :
Tout noir tout blanc? Je vois gris, c'est à dire juste milieu.

En gros je cautionne l'opinion de l'auteur, à 200%.

sauf que l'auteur voit pas gris lui, si je ne m'abuses... enfin passons, j'ai compris ta position
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyJeu 25 Mai - 2:11

Moi j'ai compris que l'auteur ironisait de la situation actuelle,
mais ce n'est pas pour autant qu'il est conservateur et qu'il revendique un retour à la négation de l'épanouissement de l'enfant!

Avant d'être critique, il est professeur, de lycée, et il a dû envisager qu'un retour à la situation d'il y a 50ans ne serait pas forcément le bienvenu affraid (tout du moins j'imagine)

Bonne nuit à tous!
Je m'en vais dormir..
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyJeu 25 Mai - 5:15

Ludovic a écrit:

Merci à Néo de nous avoir fait partager ce texte en tout cas, ce fût quelques minutes de réflexions utiles je pense:)

De rien Wink

Je répondrai demain à tout mais là avant de me coucher :

c'est très simple ce que dit l'auteur (il y a en j'ai l'impression qu'ils sont parti en sucette) : T'as un phenomene de jeunisme qui est l'inconditionnelle sacralisation de la jeunesse (ca dit qu'il faut dire "non" inconditionnellement) qui rentre en collision frontale avec la réalité du monde du travail. Résultat : ca fait des étincelles...

Il est 04:15, to be continued...
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Elie
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptyVen 26 Mai - 17:05

On pourrait aussi dire que c'est l'auteur - en regardant cette jeunesse - qui manifeste inconsciament son désir impossible de retrouver son sentiment de puissance, lié à sa jeunesse, et que devant la fatalité de sa mort, il rejete son dépit face à ceux qui son encore à même de désirs et d'ambitions.

Et de facto, il dit que la jeunesse est "en arrière". Oui, mais en arrière pour lui.
Pas pour la jeunesse qui vit encore sa situation en la regardant dans l'avenir, qui sera encore jeune demain.
C'est donc un sophisme de dire que la société regarde en arrière parce que les individus veulent retrouver leur passé. Le mouvement social d'hier est un mouvement de jeunes, on parlait de mouvement étudiant, et qui ne cherchent donc pas à retrouver leur jeunesse, ce serait un contresens que d'affirmer le contraire.
A l'opposé, le monde politicien, technocrate, de professionnels et de docteurs ne peut qu'analyser les manifestations de la jeunesse comme un évènement qui appelle des sentiments antérieurs et refoulés dans leur relation au monde.
Et souvent, comme la lecture carthésienne l'indique, ce refoulement est positif, fait murir, mais il est ce mouvement même qui va vers la mort, comme une fleur qui fâne.

Retourner l'ordre naturel de la jeunesse qui fait évoluer le monde en posant comme principe la seule rationnalité de l'expérience est pathologique. C'est supprimer tout le mouvement qui permet justement d'arriver à la raison : l'expérience qu'on acquiert par la vie, par la confrontation de ses désirs à la réalité.

Une jeunesse qui reste dans l'enfance, dans le complexe de "l'enfant roi", est précisément celle qui n'agit pas, dans une position comparable à Hamlet. On ne peut pas reprocher à la jeunesse de manifester, d'affronter le réel, de se battre, c'est par là qu'elle contruira son identité, et créera les futures structures de la société, fera des choix.
Le complexe de l'enfant roi naît précisément dans des générations qui n'ont pas appris à s'affirmer, et vivent dans un monde d'abstractions, qui ont refoulés et leurs désirs, et leur capacité à accèder à la raison.

Au-delà d'une crise idéologique sur le CPE, n'y avait-il pas un mouvement de l'ordre naturel, d'une jeunesse qui contestait un monde politique en dégénérescence? Au-delà de la manipulation médiatique autours de la crise des banlieues, n'y a-t-il pas une jeunesse en révolte contre une société qui ne lui laisse aucune place?

Et si cette jeunesse se trompe, c'est le meilleur signe de sa future réussite, car il vaut mieux affronter ses échecs tout de suite plutôt que de vivre dans l'échec jusqu'à la catastrophe générale.
A ce dernier titre, le spectacle de nos vieux hommes politiques aigris et ratés - tant sur les plans économiques, diplomatiques, législatifs que sur celui de leurs échecs personnels et de leur corruption avancée - est édifiant.

Et il faut bien prendre ce problème sur le plan institutionnel. Une fois passé le moment constituant, le caractère fixe de la Constitution prend une allure réactionnaire dans une société fondée sur le développement de l’économie et des libertés. Ce ne sera donc pas la coutume, les "anciens", ou l’idée d’un ordre ancien qui pourra légitimer une constitution : seule la vie, au contraire, la vie qui est renouvellement, peut donner lieu à l’établissement d’une constitution ; elle seule peut la mettre en permanence à l’épreuve, la tester et l’orienter vers des modifications adéquates. De ce point de vue la recommandation de Condorcet : "à chaque génération sa Constitution", rejoint celle de Machiavel qui voulait que chaque génération (pour échapper à la corruption du pouvoir et à la routine de l’administration) "fasse retour aux principes de l’État" - un "retour’ qui est un "construire" un ensemble de principes qui n’est pas un héritage mais un nouvel enracinement. Notre génération doit-elle établir une nouvelle Constitution ? Si nous pensons aux raisons qu’invoquaient autrefois les constituants pour justifier l’urgence d’entreprendre un travail de rénovation, nous ne pouvons qu’en retrouver aujourd’hui toute la panoplie. Jamais la corruption de la vie politique et administrative n’a atteint un tel degré, jamais la crise de la représentation n’a été si forte, jamais la désillusion démocratique n’a été si radicale. Quand on parle de "crise du politique", on veut dire en réalité que la vie démocratique ne fonctionne plus, au point que la corruption gagne de manière irréversible tous ses principes fondateurs et tous ses organes : la séparation des pouvoirs et les principes de garantie des libertés individuelles, les différents pouvoirs les uns après les autres, les règles de la représentation, la dynamique unitaire des pouvoirs et la légalité, l’efficacité et la légitimité administratives.

"A chaque génération sa Constitution", donc.
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MessageSujet: Re: Quand le jeunisme trahit la jeunesse   Quand le jeunisme trahit la jeunesse EmptySam 27 Mai - 13:29

Bon je n'ai pas eu le temps de relire tous les posts, mais pour ce que tu m'as répondu, Scagli, je suis d'accord avec Ludovic sur l'héritage de mai 68: il faut aussi voir la situation avant: à l'université, c'était interdiction de parler dans les amphis, les profs étaient encore plus intouchables qu'aujourd'hui, interdiction de fumer dans un périmètre de 300 mètres autour de la fac (bon, avec le climat actuel, on pourrait se demander si c'était réellement une mauvaise chose, mais bon...), certains parlent même de chatiments corporels de la part des profs d'amphis, cela je n'ai pas eu confirmatio. Mai 68 a permit aussi de construire de nouveaux centres, comme Tolbiac ou Saint-Hippolyte, bon, d'accord, pas tous très beaux, mais auparavant, les étudiants s'entassaient dans les amphis et crois moi, par rapport à aujourd'hui, c'était vraiment un entassement de plusieurs milliers de personnes dans des amphis trop petits!
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