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 FESTIVUS FESTIVUS

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trystero
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MessageSujet: FESTIVUS FESTIVUS   FESTIVUS FESTIVUS EmptyVen 2 Juin - 1:45

FESTIVUS FESTIVUS
Philippe Muray
entretiens avec Elisabeth Lévy
Fayard, mars 2005, 485 pages
23 €
Le retour à l'après-histoire
Cet article d'Alexis Blas est une republication en l'honneur du dernier essai polémique de Philippe Muray.

« On n"injurie pas un Monsieur en l'appelant contemporain. Moderne peut être un mot d'injure. » Faisant sien ce mot de Péguy, Philippe Muray lui donne en outre un sens post-historique majoré qui fait de Festivus festivus l'une des charges les plus violentes jamais écrite sur notre monde occidental. L'occident-monde et son néo-réel. Le récit long et atroce de ce qu'est notre post-modernité jaillit de la bouche de Muray comme les abats d'un gibier indigeste, achevé sur les ruines de l'ancien monde, et c'est dans le torrent de la sanie des siècles qu'il recrache le pénible portrait du dernier homme nietzschéen, maculant au passage notre esprit par trop vierge ou naïf, ou simplement assoiffé de bonté. Mais de bonté, d'optimisme, il n'est guère question chez Muray, pour qui « tout, absolument tout est foutu ». Nonobstant les résistances d'Elisabeth Lévy, interlocutrice de taille et contradicteur viril, ce livre pamphlet, qu'adoucit à peine la forme de l'entretien, est un livre choc qui ne peut que remuer dans son âme le lecteur attentif à la forme la plus évidente du Vrai : le réel.

Ce réel incontesté est pourtant celui que contestent les élites autoproclamées du nouveau « monde confuso-onirique » si bien mis en scène par les médias. Le sanglier de l'Histoire a bel et bien crevé au début du vingtième siècle - « il est possible que l'Histoire ait fini avec le génocide juif » - laissant se répandre le sang impur de la post-Histoire, vague-à-l'âme généralisé tendu vers un absolu qui a perdu sa majuscule d'Absolu, excisée au titre de répugnante transcendance. Devenu tsunami, ce vague-à-lame lorgne vers une côte inatteignable, une immanence absconse, mouvement de fond d'autant plus violent qu'il se condamne à l'accroissement d'un tournoiement infini jusqu'à son propre engloutissement. Tel serait pour Muray le destin d'un monde occidentalo-centré, l'occident-monde qui s'est évertué à détruire chaque port, chaque digue de ses référents historiques, moraux, religieux et dorénavant sexuels.

Le pénis et le pénal

La thèse murayienne est la suivante : « Partout est maintenant à l'œuvre l'effacement de la division. » Le dernier bastion de limitation de la liberté humaine est celui de la différence sexuelle. C'est cette différence qui maintient selon lui le minima d'humanité qui permet à l'homme de se perdurer. C'est contre celle-là que désormais convergent toutes les forces de destruction. Mais pourquoi ? Le choc émotionnel de la perte du divin, ce trauma, cette commotion de l'humanité qui s'est pris brutalement le ciel sur la tête, associé à l'échec de la Raison universaliste a fait venir à l'existence une croyance d'une nouvelle sorte, croyance incroyante, négativité en marche, qui consiste à envisager hic et nunc la possibilité d'un réel festif, ce monde confuso-onirique dont l'essence est la jouissance de tout et pour tous, monde de la fête éternelle. La « queerisation » accélérée en occident témoigne de cette volonté farouche d'en finir avec l'insupportable scandale de la nature qui consiste à ne pouvoir choisir son sexe. L'homosexualité du moderne devient ainsi la formidable métaphore d'une équivocité qui unit la liberté de jouir sans entrave à la vindicte victimaire tournée contre tous ceux qui oseraient s'opposer à cette vision. Il n'est guère étonnant donc qu'au pénis corresponde le pénal, et que « l'élévation du niveau de vits » ait un lien étroit avec le réflexe judiciaire. « On porte plainte comme on porte-jarretelles. » Muray cite avec justesse Bernanos qui voyait déjà à son époque l'idée moderne de justice passer « de la raison à l'instinct » et s'exercer comme une « concupiscence féroce » s'apprêtant à ravager la terre.

L'homo festivus est en train de céder la place au festivus festivus, allusion au sapiens sapiens d'autrefois. Désormais l'humain fête qu'il fête. Cette tautologie marque bien son entrée dans la post-histoire où règne l'autoréférentialité et l'onanisme. Il ne souffre aucune négation de cet état d'euphorie perpétuelle et, ruse sublime de la négativité, il tente d'abolir le hasard des sexes d'un coup de dais nuptial. Satisfaire ses besoins sans limites est son credo, comme le font les enfants. Mais si les enfants partent de cette innocence pour se heurter au principe de réalité et en prendre acte, le festivus festivus lui, fait l'inverse. Il connaît trop bien ce principe et l'ayant pris en horreur, il se donne pour mission la régression volontaire vers un stade infantile. Il se rend coupable de faire de l'innocence sa quête. L'enfant n'est-il pas un être sans histoire ?

« Vous serez comme des dieux... »

Comme le vampire qui ne laisse pas le miroir refléter son image, l'abomination festive cache un nihilisme, le retour à un état de nature, à l'animalité. Hermaphrodisme généralisé, régime luciférien de l'inversion, le sociétal est le grand impensé du siècle en cours. Son décryptage doit être consciencieux et certainement pas déconstructionniste comme le veut le « charabia » proprement nihiliste de Derrida. « Ma thèse, dit encore Muray, est que tout, absolument tout ce qui faisait peur depuis toujours est désormais célébré comme un bienfait. » Cette peur de l'animalité comme chute hors de l'histoire est précisément celle dont l'occident veut s'affranchir. Ne prend-on pas les bêtes en exemple pour justifier l'homosexualité ? « L'enfer se hait lui-même » disait encore Bernanos et l'on peut lire dans le comportement collectif occidental une haine de soi si effrayante qu'elle ne peut conduire qu'à sa perte. L'on parle volontiers dans la psychanalyse lacanienne d' « objet cause du désir » pour un acte qui semble viser autre chose que ce qu'il n'y paraît. Pour passer à l'acte, le sujet s'absente dans un « je ne pense pas radical », d'où la difficulté pour lui de parler de cet acte après coup, de lui donner un sens. Il n'était pas le même avant l'acte, il était absent pendant, et il n'est plus le même après. Cette image rejoint le schéma de l'impensé insensé du monde selon Muray. L'irresponsabilité, la grande absence à soi d'une société festive qui croque la pomme, pensant devenir comme des dieux, la conduit à la honte infamante d'une nudité mortifère, tandis que se couche à jamais le soleil du divin.

L'athéisme est le grand paradoxe de Philippe Muray. Reconnaissant la valeur du religio comme tuteur historique de l'humanité, dénonçant avec force le travail de sape visant à éliminer toute transcendance, il n'en proclame pas moins l'athéisme comme « exercice difficile » de non participation, de non présence, d'agnosticisme et de non apparition. S'écartant bien entendu de l'imbécillité d'une philosophie athée dogmatique et autres cris d'Onfray, sa définition laisserait à penser qu'il est possible, bien que difficile, de se mettre hors du régime dialectique de Dieu / Non Dieu. Ce postulat le voue par conséquent à une passivité muette qui le rapproche alors de celle du post-humain tant décrié par lui, ou à une éloquence dynamique qui se doit de refonder une référence transcendantale avant que de condamner.

« Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »

L'une des phrases les plus terribles des Chers djihadistes [1] reprise par Elisabeth Lévy. La question énorme, cruciale est posée à Muray : « A force de détester cette époque et cette civilisation, pourquoi ne vous sentiriez-vous pas plus proches de ceux qui veulent la détruire ? » La tentation peut être grande pour le contempteur sociétal de voir dans l'islam le dernier rempart de valeur à faire face à l'occident et lui résister. Las, il est trop tard aussi pour l'islam dit Muray. L'islam est condamné, prise dans les rets du destin de l'occident-monde. Il est en agonie tandis que l'occident est déjà mort. On ne tue plus un mort, par conséquent la tragédie du 11 septembre illustre le fait que l'occident soit le destin des djihadistes parce qu'il n'y en a plus d'autre. Les terroristes se confondent avec leur cible, métaphore exacte de ce qui attend l'Islam. « Mon allergie à l'ordre occidentiste du monde se différencie de celle des djihadistes en ce sens que ce sont, qu'ils le veulent ou non des occidentopathes. » Comme le choléra, les musulmans ont attrapés l'occident et de sa charogne ils ont désormais captés tous les germes. Le « trou musulman » percé dans le Même occidental est une illusion. Le temps post-historique refermera la blessure dans un anéantissement commun.

A-t-il déjà baissé les bras Monsieur Muray ? Ne met-il pas dans le même sac le « chaos » bushiste et la vieille Europe athée sans voir qu'il y a peut-être dans la suprématie américaine le reliquat d'une transcendance bafouée mais jamais désavouée comme l'énonce Yves Roucaute, et qui concourre à son maintien ? Il y aurait dans ce cas comme une mauvaise foi à imputer à l'Amérique un nihilisme dont l'Europe s'est faite championne. Le naturisme jacobin si exécrable en Europe ne doit pas nous faire perdre la vue de ce qui demeure vêtu ailleurs. L'Irak, cette « guerre de merde » est un arbre qui ne peut cacher la Corée certes, mais le débat de la légitimité du combat n'est pas clos pour autant dans une réalité que la révolte peut obscurcir.

« La fin du monde est reportée à une date antérieure »

S'il faut « jeter le bobo avec l'eau du bain », le plouc-émissaire résiste encore rappelle Elisabeth Lévy. Si le Même occidental se mondialise, il reste des forces d'affrontement et des percées mortelles bien réelles que seules la vaillance et l'énergie de l'espérance peuvent contrarier. « L'antifascisme est à nos portes » certes, et le festivus horribile et son bruit de hottes nous glace le sang. Le primitivisme cybernétique et l'inceste universel se profilent dans l'absence à soi du pokémon d'occident. Pour autant, se dessine comme une hiérarchie des priorités. Un gay fait-il un bon soldat ? Si la post-histoire se caractérise par le seul fait qu'il reste de la vie, « il ne reste que ça » dit Muray, c'est qu'il faut vivre. Désespérer, c'est mourir, et si Muray redonne du souffle au rire de Rabelais, sa posture est malgré lui celle d'un désespéré. Nous sommes tous des occidentopathes...

Alexis Blas

[1] Chers djihadistes, Philippe Muray, Mille et une nuits, 2002


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Par pitié, si vous n'êtes pas d'accord du tout, expliquez calmement pourquoi... [


Moi je trouve le passage "nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts" particulièrement pertinent.

J'attends vos réactions...
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Benjamin
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Benjamin


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MessageSujet: Re: FESTIVUS FESTIVUS   FESTIVUS FESTIVUS EmptyVen 2 Juin - 9:23

Citation :
Par pitié, si vous n'êtes pas d'accord du tout, expliquez calmement pourquoi...

MDRRRRr, de ta part....
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MessageSujet: Re: FESTIVUS FESTIVUS   FESTIVUS FESTIVUS EmptyVen 2 Juin - 14:19

Benjamin a écrit:
Citation :
Par pitié, si vous n'êtes pas d'accord du tout, expliquez calmement pourquoi...

MDRRRRr, de ta part....

Bah ouai j'ai pris des bonnes résolutions... j'anticipe Cool
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